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Hommage à Robert Frank

Auteur du livre majeur « Les Américains », le photographe pionnier et cinéaste expérimental est mort le 9 septembre à 94 ans. (Photo d’ouverture : Robert Frank chez lui à New York, en 1969. DANNY LYON / MAGNUM PHOTOS)

Avec Les Américains, Robert Frank a marqué le XXe siècle en imposant une imagerie visuelle unique de l’Amérique des années 1950. Ce livre est devenu un véritable manifeste photographique, l’un des ouvrages les plus importants jamais publiés dans cette discipline. C’est qu’à travers son oeuvre, le reporter suisse, américain d’adoption, confrontait tout un peuple à son identité complexe, à ses névroses, à ses espoirs déçus. Un travail qui fut dans un premier temps rejeté par le public, accablé de se voir représenté de manière aussi réaliste.

© Robert Frank – Courtesy Danziger Gallery

Ce 9 septembre, le grand photographe s’est éteint à Iverness, en Nouvelle-Ecosse, au Canada, à l’âge de 94 ans. Tout en étant un monument de la photographie, Frank a toujours refusé la consécration. Fuyant la célébrité, il surprenait son public en s’initiant à des disciplines diverses. Le cinéma notamment fut un grand domaine d’expérimentation pour lui, grâce à ses films à la forme libre, souvent inspirés de ses drames personnels.

« Ses images accidentées, parfois floues, subjectives, ont marqué un jalon dans l’histoire de la photographie, montrant qu’elle pouvait servir autant à dire le monde qu’à exprimer un paysage intérieur » commente Claire Guillot dans Le Monde, en référence à ses films réalistes et à ses photographies prises sur le tas, véritables instants volés, montrant un sens du détail remarquable.

© Robert Frank – Courtesy Danziger Gallery

Libre et indépendant, le photographe a toujours refusé les hommages officiels. Il incarnait cet esprit propre à la beat generation dont il était proche, sans en faire partie pour autant. Ce qu’on lui doit est justement cet esprit novateur et profondement outsider. Cette envie constante de jouer avec les codes pour mieux les détruire, pour créer une photographie nouvelle et réécrire à chaque fois la définition de ce qu’est une belle image.

« Quand quelqu’un regarde mes images je veux qu’il ait la même sensation que face à un poème dont il voudrait relire le même vers deux fois » il déclare au magazine Life en 1951. Elève de Jakob Tuggener, il hérita de cette vision radicale de l’artiste, fuyant le sentimental gratuit, l’esthétique pour l’esthétique, et en allant droit au but, en quête de vérité, dans un monde post-industriel parfois brutal et déshumanisé.

Robert Frank, Mabou/Kanada, September 2014 © Gerhard Steidl

Et pourtant avec une sensibilité hors pairs, il aura réussi à raconter la vie dans toutes ses expressions, à travers l’amour, le deuil, la souffrance, le bonheur du quotidien. Il aura également réussi à fabriquer une archive de souvenirs d’un monde qu’il a parfaitement réussi à crystalliser en images. Car, comme il le disait, « pour certains, la photographie est une chambre de l’oubli. Pour moi, c’est une boîte à mémoire, un grenier à souvenirs. »

Source : Le Monde

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