Login
Adresse email
Mot de passe
Confirmez votre Mot de passe

Lense

La communauté LGBTQ du Cap Vert dans l’objectif de Pauliana Valente

Pauliana Valente Pimentel est l’une des plus prometteuses photographes portugaises. Dans la série Quel Pedra elle a immortalisé un groupe de personnes queer vivant librement leur identité sexuelle et de genre dans la ville de Mindelo, au Nord de São Vicente, dans l’archipel volcanique de Cap Vert, à plus de 800 kilomètres du Sénégal. Alors que dans 37 pays du continent africain l’homosexualité est tout simplement interdite, ces jeunes aux visages angéliques ont construit un havre de paix et de liberté suspendu dans le temps et l’espace. (Photo d’ouverture : © Pauliana Valente)

Quand as-tu commencé ton travail avec la communauté de Mindelo ?

J’étais invitée en 2014 à une résidence artistique à Mindelo, au Cap Vert, pendant le  “Festival Internacional de Cabo Verde”. Quand je suis arrivée j’ai rencontrée Stephy, une personne transgenre (garçon vers fille) magnifique et deux de ses amis, eux aussi trans. J’ai réalisé qu’il y avait une petite communauté qui vivait près de la ville. Ils m’ont fait rencontrer leurs autres compagnon.nes : Edinha, Gi, Elton, Sindji, Susy, Henio et Jason. Ce groupe est composé de jeunes entre dix-sept et vingt-cinq ans qui ont décidé de s’habiller en femmes et se sont donnés des prénoms féminins, qui en somme, vivent librement leur genre. J’ai aussi découvert que dans le coin il y a une pierre qui, selon la légende, rend les garçons gay. Mon projet s’est alors articulé autour de ce rocher, d’où le tire Quel Pedra, qu’en créole signifie « cette pierre-là ».

© Pauliana Valente
Comment s’est articulé le projet ?

J’ai été immédiatement fascinée par ce sujet photographique. Je les ai alors suivi.es pendant les deux semaines de la résidence et ils m’ont acceptée au sein de la bande avec beaucoup de bienveillance. Quand en 2016 j’ai été récompensée avec un prix de photographie contemporaine très important au Portugal, j’ai eu l’occasion de revenir ici et de continuer l’histoire. J’ai également pu organiser une exposition au Museu Berardo à Lisbonne. J’ai présenté 17 photos et une vidéo et j’ai pu publier une livre avec « Camera Infinita ».

© Pauliana Valente
La communauté de Mindelo est-elle un havre de paix au sein d’un environnement répressif et dangereux ?

En effet, il y a un haut degré d’intolérance envers les homosexuels dans beaucoup de pays africains. Pas mal de jeunes africains sont contraints de migrer vers l’Europe pour vivre librement leur sexualité. Au Cap Vert, les relations sexuelles entre personnes du même sexe ont été légalisées en 2004. La loi a changé mais les mentalités tardent à évoluer. La première Pride a eu lieu en 2013. Il y avait 10 personnes.
Je voulais donc comprendre les espoirs, les frustrations, les histoires de ces gens, de ce groupe qui se donne la force de continuer un combat. Petit à petit, i.elles vont réussir à faire changer les choses. Sur cette île il y a beaucoup de jeunes, j’espère que le changement viendra des nouvelles générations.

© Pauliana Valente

 

Tes photos sont spontanées, authentiques, privilégiant les situations du quotidien. Quel angle as-tu choisi pour cette série ? Quels aspects de la vie de ces jeunes t’ont le plus interpellée ?

J’ai décidé de ne pas interférer avec leur vie quotidienne mais de simplement observer. Je les ai suivi.es, en me comportant juste comme un membre du groupe. Ce qui me fascinait était leur naturel mais aussi leur capacité à se transformer. J’ai voulu mettre l’accent sur leur manière de vivre le féminin. Je voulais confronter le spectateur à ses préjudices. A ses représentations erronées. « On ne naît pas femme, on le devient » disait Simone de Beauvoir. Et bien je suppose que ce travail est une réflexion sur ce que cela veut dire que d’être une femme aujourd’hui.

© Pauliana Valente
Comment faire oublier la présence de la caméra pour obtenir un résultat si spontané ?

Au début, c’était difficile d’obtenir quelque chose de très naturel. Il est toujours dur de ne pas prendre la pose face à l’objectif. Mais en peu de temps, l’appareil photo n’était plus du tout pris en compte. Les corps se sont détendus et tout a été très fluide. Vivre dans cette communauté a été une expérience formidable. Cela me manque d’être en leur compagnie.

 

© Pauliana Valente

Source : Interview

commentaire

Ajouter le vôtre

Laissez un commentaire

Laissez un commentaire

Devenir Lenser