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La petite cuisine d’Emilie Guelpa

Après avoir décortiqué les photos de Diane Sagnier et de Pauline Darley, intéressons-nous cette semaine à l’art mystérieux de la photo culinaire.

Aujourd’hui, c’est Emilie Guelpa, auteur du délicieux blog « Griottes » qui nous raconte les dessous de cette photographie haute en couleur, faite à l’occasion, justement, d’un concours de photo culinaire.

Une photo, un projet.

« Le sujet de ce concours était « le végétal ». J’avais envie de profiter de cette occasion pour sortir de mon ambiance de prédilection – je travaille habituellement sur fond blanc ou pastel avec un rendu très lumineux – et expérimenter des choses différentes.

Le fond noir m’a paru une bonne idée pour mettre en valeur l’explosion de couleur et les reliefs de ces légumes. J’aimais bien l’idée que l’ensemble évoque une nature morte. Je me suis donc orientée vers quelque choses de graphique, avec une lumière focalisée sur les légumes (mon sujet, donc) en laissant les zones de décors dans l’ombre. »

Le travail de mise en scène.

« J’ai passé un bon moment à élaborer la mise en scène et fait de nombreux tests avec des tissus, des assiettes, différents couverts… Finalement, j’ai pris le parti de la sobriété. Pour conserver une touche graphique et créer des reflets, j’ai ajouté quelques feuilles d’or à la planche sombre, en bois peint.

Il me fallait ensuite trouver les « bons » légumes. Comme je misais sur la couleur, je suis partie en quête de variétés de légumes particulièrement colorés. Je me suis rendue, pour cela, chez un maraîcher spécialiste de ces variétés un peu spéciales.

Malheureusement, les légumes perdent une partie de leur teinte au cours de la cuisson. Mon petit truc pour les raviver : les badigeonner d’un peu d’huile d’olive à l’aide d’un petit pinceau alimentaire. »

Et côté choix techniques…

« Ce jour-là, le temps était gris (nous étions en novembre), mais cela m’a beaucoup aidée, en fait. La lumière ainsi, était idéalement diffuse, parfaite pour mon fond noir. En général, je fais en sorte de shooter le matin, ou vers midi. C’est à ce moment là que la lumière, pour moi, est la meilleure. Je travaille uniquement en lumière naturelle. Même si cela me rend très dépendante de la météo, je trouve que celle-ci apporte une vraie douceur par rapport aux photos shootées en studio et une belle note d’authenticité. Cette fois, je me suis contentée d’approcher mon sujet d’une fenêtre et chose plutôt inhabituelle pour moi : je n’ai pas utilisé de réflecteur.

Côté matériel, j’ai travaillé avec un Nikon D90 et un 50 mm à ouverture 1.4. La photo a été prise à une vitesse de 1/80, avec une ouverture à 4.5 et une sensibilité élevée (1000 ISO). J’ai aussi le mode DLighting de mon appareil, pour accentuer les contrastes.

Pour ce qui est du post traitement, je me suis contentée de forcer un peu les contrastes sur le noir et augmenter légèrement la saturation sur les légumes. Rien de plus. De plus en plus, j’essaie de me concentrer sur les réglages au moment du shooting pour avoir le moins de choses à faire en post prod. »

Deux trois petits conseils, pour qui veut se lancer dans la photo culinaire?

« Il faut garder à l’esprit que la nourriture n’est pas un sujet stable. Mieux vaut donc préparer sont environnement de travail, travailler sa lumière et ses réglages avant de disposer les éléments à photographier. Ensuite, sur les aliments eux-mêmes, il faut faire preuve d’astuce : penser à frotter les avocats avec un citron pour retarder l’oxydation, par exemple, ou préparer ses boules de glace à l’avance et les garder au congélateur, déjà mises en place dans le récipient que l’on compte utiliser pour le shooting…

Mais pour qu’une photo soit réussie, l’un des ingrédients principaux reste… le décor. Ainsi, la photo culinaire, coûte forcément un peu d’argent : investir dans de la jolie vaisselle, ne pas négliger le support de la photo (planche, table, nappe…) et travailler le plus possible la mise en forme du plat lui-même. Par exemple, un cake n’a forcément d’intérêt visuel en tant que tel, mais cela change tout si on le fait cuire dans un joli moule.

Les ingrédients de base de votre recette peuvent aussi servir de point de départ dans votre recherche pour la mise en scène. N’hésitez pas à coordonner les éléments forts de la mise en scène avec le plat que vous photographiez (une nappe rouge avec des fruits rouge, par exemple). Les détails, enfin, ont une grande importance, dans la composition : quelques grains de fleur de sel éparpillées, des herbes fraiches, une fleur…

Dernier point, la lumière. Surtout ne la négligez pas ! Comme je le disais plus haut, je préfère la lumière naturelle. N’hésitez pas à vous installer tout près d’une fenêtre pour travailler ou bien dans une pièce très claire. Utilisez, au besoin, des supports réfléchissants. C’est ce qui vous permettra d’obtenir un rendu des couleurs plus proche de la réalité, plus naturel, donc plus appétissant. »

Après avoir épluché cette photo, cuisiné leur auteur pour en connaître tous les secrets et obtenu le degré de cuisson idéal pour sublimer un plat de légumes, à vous, maintenant de nous faire partager vos petits secrets pour transcender, sur pellicule, ce qui fait habituellement vibrer les papilles.

Vous pouvez découvrir sur toute la série « Dans le noir » sur le blog d’Emilie.

commentaires

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Il y a 13 ans et 1 mois

Très sympa, l’interview ! 😉

Il y a 13 ans et 1 mois

Chapeau, le style dépoussière ce genre qui m’a toujours paru un peu figé…

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