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Rencontre avec Andras Ladocsi, lauréat American Vintage de Hyères 2020

Andras Ladocsi est le lauréat du prix American Vintage du festival de Hyères 2020. Gymnaste professionnel à l’origine, il a transformé en photographies sa passion pour le corps humain et ses potentialités d’expression. Rencontre. (Photo d’ouverture : © Andras Ladocsi)

Basé à Budapest, nageur de haut niveau dans son adolescence, Andras Ladocsi intègre dans sa pratique photographique une fascination pour le corps humain et son expression. Avec sa vision décomplexée de la masculinité, il ouvre la voie à des nouvelles représentations. Fraîchement lauréat du prix American Vintage de Festival de photographie de mode de Hyères 2020, il a répondu à nos questions.

Bonjour Andras, peux-tu te présenter ? Quel est ton rapport à la photographie ?

Je suis un photographe hongrois qui vit toujours à Budapest, mais je dois bientôt déménager à Londres car j’ai commencé ma maîtrise au Royal College of Arts.
J’utilise la photographie pour créer un lien plus étroit avec les gens et avec moi-même.

Quelles sont tes principales inspirations ?

Le corps, la peau, l’individualité, la famille, la communauté, la masculinité, l’âge. Je discute généralement avec mes amis et j’utilise ce qui en ressort comme une étincelle d’inspiration.

© Andras Ladocsi
Ton travail met en scène beaucoup de corps masculins : quel type de représentation de la masculinité explores-tu dans tes œuvres ?

J’ai été nageur professionnel pendant 14 ans et je suis donc engagé dans beaucoup d’activités sportives. Mon enfance a été physique et active donc j’ai été constamment entouré par la masculinité. D’un autre côté, je ne suis pas sûr que la masculinité soit ce que je cherche à explorer, mais plutôt comment les gens se soucient de leur corps et comment je peux le représenter. Ce que le corps signifie pour eux en tant que plateforme pour représenter qui ils sont. Peut-on d’ailleurs vraiment parler de plateforme ?

Dans ton travail, tu n’as pas peur de montrer des corps dénudés. Cependant, tu ne les sexualises pas, ce qui est très intéressant. Est-ce une façon de désacraliser le sexe masculin et notre idée de la virilité ?

Comme je l’ai dit, mon enfance a été physique et la nudité n’était pas du tout un problème. Je n’écoutais probablement pas pendant mes cours parce que je pense toujours que nous sommes nés nus, donc quand je vois une personne sans vêtements, je ne ressens pas de sexualité à travers ma caméra. Dorottya Vekony est mon amie et elle a écrit sa thèse sur les interactions orales physiques et elle a beaucoup travaillé sur les baisers. Le baiser est le sommet de la sexualité pour moi. Honnêtement, il y a une chance que je ne sois tout simplement pas doué pour présenter la sexualité à travers mes images. Je devrais faire un petit geste à ce sujet.

© Andras Ladocsi
Tu as gagné gagné le prix American Vintage à Hyères 2020. Qu’est-ce que cela te fais ?

C’était vraiment incroyable pendant une seconde, après quoi j’ai immédiatement commencé à penser à ce que je vais pouvoir leur présenter la prochaine fois.

Quelle est ta relation avec la mode ?

Nous sommes entourés par la mode, et pas seulement par les vêtements mais aussi par la mode de l’architecture, de la nourriture, des régimes, des noms populaires depuis des générations, donc vraiment tout est mode.
Je me suis connecté à ce domaine par le biais de mon appareil photo et de mes projets, mais ce n’est pas la mode le principal moteur de tout ça. J’essaie d’éviter les sujets qui ne correspondent pas à mon goût visuel.

© Andras Ladocsi
En tant qu’artiste, es-tu inspiré par tous les mouvements sociaux autour de l’égalité des genres et de la reconnaissance des droits des personnes LGBTQIA + ?

C’est une question tellement difficile, elle est dans mon esprit tous les jours parce que je ne la comprends pas. J’ai été élevé dans l’égalité et l’acceptation, donc dans mon monde, tout le monde commence au même niveau. Le sexe, la couleur ou l’identité n’ont aucune importance. Maintenant, à mon avis, la seule chose que nous pouvons faire est d’écouter, d’apprendre et de discuter.

J’ai le sentiment que tu apprécies aussi photographier des corps vieillissants, des corps qui brisent les codes et les clichés de la beauté de la jeunesse. Est-ce quelque chose qui t’intrigue ?

Absolument, l’âge n’est qu’un chiffre. J’ai toujours été intéressé par la génération plus âgée, où l’on sent que le temps a passé. Je n’étais pas intéressé par l’histoire écrite à l’école, mais la photographie est en quelque sorte de l’histoire pure pour moi. Elle peut être la vérité ou un mensonge, mais l’histoire est là.

© Andras Ladocsi
Comment la photographie peut-elle changer la conscience des gens sur tous ces sujets ? Dans un monde dominé par les images, quelle est la responsabilité et le pouvoir d’un photographe ?

En ce qui me concerne, la responsabilité d’un photographe est aujourd’hui au plus haut niveau. L’accessibilité du support est clairement omniprésente. L’industrie commerciale est partout et elle a le pouvoir de façonner nos rues et nos paysages urbains. L’espace virtuel est un sujet totalement différent dans mon esprit, qui est déjà hors de contrôle avec l’intelligence artificielle et la publicité ciblée.
Cependant, les dés ont plusieurs faces, en tant que photographe, j’ai une grande responsabilité quant à ce que je présente et à la manière dont je le fais, tandis que le public, l’éducation et le gouvernement sont de l’autre côté avec leurs besoins. Nous pouvons nous éduquer nous-mêmes ou nous pouvons créer une société plus consommatrice et plus aveugle.

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Source : Festival de Hyères

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