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Bérangère Fromont rend justice aux amours lesbiennes

La photographe Bérangère Fromont publie un livre d’art collector : L’amour seul brisera nos cœurs. Un recueil photographique en argentique qui raconte la beauté des amours lesbiens et leur donne enfin une visibilité. Retrouvez le livre sur le site des éditions à la maison. (Photo d’ouverture : © Bérangère Fromont)

Dans son nouveau livre d’art L’amour seul brisera nos cœurs, Bérangère Fromont explore une thématique maltraitée par la culture mainstream et largement invisibilisée en photographie : les amours lesbiennes. Alpaguées par le regard masculin, qui fantasme l’amour entre femmes de façon caricaturale, les amours lesbiennes ne sont que rarement décrites par les personnes qui les vivent et les habitent. La culture grand public offre une image des amours saphiques tragique, éphémère ou impossible, dans laquelle aucune lesbienne ne pourrait se reconnaître. Avec son ouvrage, la photographe rend justice à ces romances en photographiant des couples dans des instants de tendresse.

© Bérangère Fromont
Rendre aux queers leurs intimités volées

Accompagné des textes, dont deux inédits, de la poétesse Élodie Petit et mis superbement en page par Maycec, le livre est un acte politique, se réappropriant les représentations des personnes lesbiennes en les soustrayant, enfin, des productions voyeuristes comme La vie d’Adèle. Par ce projet, l’intimité queer est rendue à celles et ceux qui la vivent. Pour la photographe, l’amour lesbien est un lieu où habiter, où s’unir, où faire « maison », car c’est dans les amours que les queers bâtissent leurs demeures, comme l’écrit Élodie Petit : « On habite ce que l’on peut : la faïence, la baignoire, le hlm, le trottoir, on construit une cabane. Du début à la fin on utilise l’amour comme survie collective. Fiévreuse plébéienne. » 

Les textes de l’autrice de Fiévreuse plébéienne, parsèment l’ouvrage et figurent sur des feuilles volantes que l’on peut déplacer à sa guise. Ces mots, expérimentation fructueuse autour de la langue et de la littérature queer, sont comme un refrain qui accompagne la vue des photos. Dans le processus de création, ils ont été pour la photographe des véritables points de repères.

© Bérangère Fromont

« J’ai 45 ans et je dois dire que quand j’étais ado, c’était la catastrophe en termes de représentations. En plus, j’habitais dans une petite ville de province. Les seules représentations queers auxquelles j’ai eu accès étaient littéraires et c’était souvent des gars » raconte Bérangère Fromont dans une interview accordée à Manifesto XXI. « Les récits étaient pour la plupart tragiques et décourageants. Ça a été difficile. Je suis en colère en repensant à cette période : on m’a volé mon adolescence. »

Le constat, est que les représentations lesbiennes par la culture grand public sont toujours filtrées par une lesbophobie latente et violente.
Au cours de ses recherches, Bérangère a côtoyé l’œuvre de photographes et autrices comme Tee Corinne, qui dans les années 1970 à Los Angeles apprenait aux lesbiennes la photographie afin qu’elles archivent leurs histoires. De ces travaux est né le livre Notes on Fundamental Joy, un recueil par Carmen Winant, fait par des lesbiennes, pour des lesbiennes, avec des lesbiennes.

© Bérangère Fromont
Un livre qui est un objet d’art

Le livre est publié chez à la maison, une maison d’édition indépendante qui croit en l’artisanat du livre, et il est tiré à seulement 200 copies. Chaque livre est unique et fait à la main. Le temps de production est de 30 minutes par exemplaires. Un objet qui se veut radical, en dehors de l’économie des grandes maisons d’édition, en toute cohérence avec le propos. « On a choisi un très beau papier et une disposition spécifique des pages, des textes et des images. Pourtant, ce n’est pas relié » explique Bérangère. « C’est une réflexion sur la résistance : puisque les pages ne tiennent pas ensemble, il faut faire attention en manipulant l’objet. Il est difficile à tenir, il demande un soin, un effort. Comme un rapport au corps. Il faut s’impliquer physiquement. »

Vous pouvez retrouver le livre L’amour seul brisera nos cœurs chez les éditions à la maison à un prix de 45 euros. 

Source : à la maison printing


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