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Sur les traces d’un aventurier photographe au Gabon

« Lost in the Swell » c’est l’histoire de trois amis Brestois. De juillet à septembre 2016, deux surfers, Erwen et Aurel et un photographe/vidéaste, Ronan sont partis explorer une réserve naturelle du Gabon. Leur objectif ? Trouver les meilleurs spots de surf sauvages ! Ronan nous raconte son expérience à l’occasion d’un entretien. (Photo d’ouverture © Ronan Gladu)

Aurel, Ronan et Ewen © Ronan Gladu
Comment es-tu devenu photographe ? 

Mon père est un photographe sous-marin donc je baigne dans cet environnement depuis tout petit. Mes premières photos sont associées à la pratique du skateboard, j’avais alors 14/15 ans. A mes 17 ans, j’ai vendu ma première photos de surf. J’ai ensuite été photographe professionnel pendant quatre ans. Plus tard, je me suis mis à la vidéo. J’ai réalisé mon premier film Barravel en 2008. Depuis, je pratique  la photo en amateur. 

En quoi consiste le projet « Lost in the Swell » ? 

Nous souhaitions trouver des vagues qui n’ont jamais été surfées. Nous avons repéré les réserves naturelles du Gabon, un lieu inaccessible et ce, quelque soit le moyen de locomotion traditonel. Pendant trois mois, nous avons longé les côtes africaines en « fat bike » (vélos aux grosses roues permettant de pédaler dans le sable) à la recherche de belles vagues.

© Ronan Gladu
Comment vous êtes-vous préparés ? 

Il nous a fallu un an de préparation. Nous avons d’abord dû réunir les financements nécessaires – notamment grâce à une campagne de crowdfunding. Nous nous sommes ensuite entraînés sur la plage d’Aquitaine : manier les vélos, manipuler les remorques etc. Sur le plan matériel, nous avons dû trouver des vélos adaptés – les « fat bike » – et modifier nos remorques. Il nous fallait aussi rechercher des connexions sur place, des personnes-relais. « Lost in the Swell  » c’est 170 heures de rush et trois teraoctets de photos.

Et toi, côté matériel ?

Grâce à mes précédents voyages, je savais qu’il me fallait deux boîtiers avec un objectif pour chacun pour ne pas avoir à changer d’objectif tout le temps. Le panneau solaire – notre seule source d’énergie – est identique à celui utilisé lors de notre précédent projet : « Iles Salomon », je connaissais donc bien sa production d’énergie. J’ai construit une caisse étanche dans laquelle il y avait le régulateur, une batterie et mes chargeurs. Il fallait que tous les appareils aient les mêmes batteries pour transporter le moins de matériel possible et pour alléger au maximum ma remorque. Elle pesait de 60 à 70 kg selon le remplissage des poches d’eau. Il est clair que si je n’avais fait que de la photo, mon chargement aurait été plus léger.

Ronan © LITSG
Vos voyages sont de plus en plus organisés, quelles ont été les nouveautés pour cette année ?

Le disque dur sans écran. A chaque fois que je remplissais une carte mémoire, je la copiais dans le disque dur puis je la replaçais dans l’appareil photo et je la formatais. Le rig aussi : c’est-à-dire la cage qui se situe autour du boîtier. C’est sur cette cage que je fixais le micro. Enfin, le drone est une nouveauté. Après quelques petites recherches, j’ai choisi un drone léger et capable d’être rechargé avec le panneau solaire. J’étais d’ailleurs limité pour recharger les batteries du drone : je devais attendre midi et quelques rayons du soleil pour pouvoir le recharger. Il nous a été très utile des vues panoramiques et filmer du surf ! C’était assez inimaginable à l’origine. Et puis, c’est la première fois je prends deux boitiers : un D500 avec un  16-80 mm et un D500 80-400 mm. Ne pas changer systématiquement d’objectif était plus simple pour effectuer la mise au point et pour capturer les instants de vie.

Pourquoi ne pas avoir opté pour un appareil photo hybride ? 

La photographie c’est mon travail et ma passion et je n’envisage pas un voyage sans avoir de bons objectifs… Je n’aurai pas eu le même piqué avec un hybride. C’est comme si je demandais à Erwen et Aurel de partir avec des planches de surf pliables et moins performantes. 

Est-ce qu’il y a du matériel que tu n’as pas utilisé ? 

J’ai apporté des chargeurs en trop. Aussi, et heureusement, nous n’avons pas utilisé la corne de brume (pour effrayer les animaux) ainsi que les fusées de détresse.

© Renan Gladu
Quel objectif utilisais-tu le plus ?  

80% de mes images ont été réalisées avec le D500 avec le 16-80 mm. C’est sur ce boîtier que j’avais fixé le micro. Il me permettait de faire des portraits, des paysages. J’utilisais beaucoup les GoPro aussi, j’aime bien le rendu fisheye.

As-tu manqué d’un certain matériel ?

Un vrai drône avec une vraie télécommande. J’avais l’image sur mon smartphone et ce n’était pas toujours pratique. L’idéal serait d’avoir le même boîtier avec une batterie plus puissante pour réaliser les timeslapse. Après 5h30/6h de timelaps je n’avais plus de batterie. Il me faudrait un trépied en carbone plus solide avec de vraies têtes fluides aussi. Le miens était tellement petit que lorsque je zoomais au maximum, il tremblait. Pour le moment, c’est hors budget.

Quelle a été ta plus grande difficulté ?

L’aspect sportif, physique du voyage a rendu la prise de photo difficile. C’était vraiment dur de se concentrer et de faire attention au matériel avec la chaleur écrasante et la fatigue…

« Lost in Swell » c’est l’histoire de trois amis mais aussi deux surfers et un vidéaste. Tu avances parfois tout seul pour pouvoir filmer et photographier Aurel et Ewen… Est-ce que c’était difficile de trouver ta place à leurs côtés ? 

Ce n’était pas la première fois que nous partions tous les trois. Nous sommes des amis avant tout. En trois mois, il y a eu des évènements répétitifs, redondants donc j’ai parfois pu poser l’appareil et profiter de l’aventure comme eux. Même si j’étais derrière l’objectif, nous avons tout vécu l’expérience ensemble.

© Ronan Gladu
Quelle est ta photo préférée ?

Globalement, je ne suis pas très content de mes photos. Je dirai celle-ci (ci-dessus) car elle illustre correctement notre rêve de surfeur pendant le trip. Je me rappelle très bien la scène : j’étais caché au milieu de la pointe du spot « Tarzoon », un pied dans l’eau, l’autre dans la foret. Cela faisait plusieurs heures qu’ Aurel et Ewen essayaient de prendre des vagues. Il y avait un courant important qui les a emmenés vers le nord, tout en bas de la pointe. Ils ont donc dû remonter toute la pointe en suivant les pistes d’éléphant, redescendre sur les bouts de plage, passer la pointe dans les rochers entre deux vagues puis continuer 200 m dans la baie au sud, se mettre à l’eau, passer un shorebreak violent (vague très puissante) et espérer prendre une vague avant de se faire emporter dans le courant. Tout cela dans les eaux les plus « sharky » du monde ! Pendant ces longues heures, on était tous les trois tout seuls, souvent à plusieurs centaines de mettre l’un de l’autre. Je ne les voyais plus dès qu’ils passaient la pointe, eux ne me voyais jamais tellement la végétation était dense !

Comment gérais-tu le passage de la photo à la vidéo ?

Il n’y a pas de secret : lorsque j’ai la photo, la vidéo n’est pas bonne et vice versa. J’ai fait le choix de privilégier la vidéo. Par exemple, j’ai des jolies photos de baleines mais les vidéos n’ont pas été réalisées dans des conditions idéales.

© Ronan Gladu
Quelle a été la photo la plus dangereuse à prendre ? 

Les photos de surf. J’ai emprunté plusieurs pistes d’éléphants et d’hippopotames pour photographier Ewen et Aurel. En général, les moments où j’étais tout seul. Cela me fait penser que j’ai raté le portrait d’un crocodile.

Quels sont les trois mots qui résument le mieux cette expérience sur le plan humain ?

Eprouvant, accomplissement et déception. Nous avons été déçu de trouver des plages polluées de déchets…

© Ronan Gladu
Et sur le plan technique ?

Frustrant : j’ai raté plusieurs clichés. Facile : nos trajets en vélo m’ont permis de découvrir des lieux et des paysages incroyables et de belles lumières. Enfin, je dirai amaigrissant : j’ai perdu 17 kg en trois mois !

Si tu avais un conseil à donner à quelqu’un qui prépare le même genre d’expédition ?

Je lui conseillerai de commencer tout petit, de faire quelque chose de simple. Je pense qu’il est possible de faire de belles images et de raconter des histoires intéressantes sans aller à l’autre bout du monde.

Tu dois passer une journée seul sur une île déserte, tu as le droit d’emporter trois objets techniques, que prendrais-tu ?

Un boîtier plein format, un 24-70 mm et un drone pour me prendre en selfie – puisque je serais seul !

Pour retrouver leur aventure en vidéo : lostintheswell.com

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