Les Street Ghost de Paolo Cirio

L’artiste Paolo Cirio s’attaque à Google Street View, à travers cette série « Street Ghost » qui reproduit des silhouettes capturées par la caméra intrusive de Google et les reproduit en taille réelle sur les murs des rues de Londres, Berlin ou encore New York.

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Plus étonnant, ces figures numériques prennent vie sur le mur près duquel elles ont été filmées. Difficile alors sur un écran d’ordinateur de faire la différence entre les images de Google et les interventions de Paolo Cirio. Ces images créées un paradoxe : ces silhouettes qui n’existaient plus que sur internet, sont réintégrées dans la vie réelle là où précisément elles sont passées de l’état réel à l’état numérique. Troublant ! Simulacres de la vie réelle, ces avatars numériques sont aujourd’hui réclamés par les internautes eux-mêmes comme une réappropriation de leur identité.

Mais Paolo Cirio prend des risques – prison et grosse amende – lorsqu’il colle sur les murs de New York. Ces interventions lui permettent de dénoncer le stockage illimité que Google fait de nos vies, de nos corps jusqu’à créer des fantômes. Pourquoi « fantômes » ? Car « tués » par la caméra de Google, ces « personnages » continuent de vivre numériquement dans les archives de l’entreprise.

Ils sont des fantômes , les victimes d’une guerre de l’information ou cyberguerre entre les entreprises qui veulent recueillir des données et le gouvernement. (…) Ils sont un spectre à partir des archives de Google. Ces entreprises conservent ces données pour toujours, même quand nous mourons. Et ils l’exploitent commercialement .

Et la mise en abyme se poursuit quand un des premiers fantômes de Paolo Cirio est filmé par la voiture de Google sur Bedford Ave à New York. Google prend des photos de lui-même ! Et l’entreprise californienne stocke ainsi le fantôme d’un fantôme dans ses archives. Les prochains terrains de jeu de l’artiste seront San Francisco et Hong Kong. A vous de jouer à la chasse aux fantômes. Sur la toile ou dans les rues.

Ce projet de street art qui rapproche le monde numérique avec le monde réel est soutenu par Eyebeam, un centre d’art et technologique à but non lucratif. Quelques images visibles ici.

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