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Art & Science fiction : en finir avec les dystopies

Du 5 novembre au 10 avril, l’exposition Art & Science fiction : les portes du possible au Centre Pompidou Metz fait le pont entre les arts plastiques et la littérature à travers la science fiction et le regard des jeunes générations d’artistes, traversées par les enjeux décoloniaux et queer. (Photo d’ouverture : © Aïda Muluneh)

« La science-fiction, c’est l’art du possible » déclarait l’écrivain américain Ray Bradbury. Avec l’exposition Art & Science fiction, la commissaire Alexandra Müller entend donner la voix à des jeunes artistes tournés vers le futur, lassés des dystopies et des cauchemars de la génération dite « no future ». A travers plus de 200 œuvres, cette exposition nous parle de l’avenir mais aussi du présent et des luttes qui animent la jeunesse, dans un monde dominés par les pensées réactionnaires. Un parcours qui est un portrait de l’humanité contemporaine plus que de celle à venir et qui dévoile ses ambitions, ses affres sociales, ses chances et ses périls.

Zanele MUHOLI, Phila I, Parktown, 2016 © Zanele Muholi. Courtesy of the artist,Yancey Richardson, New York, and Stevenson Cape Town/Johannesburg
Une réalité liquide

A l’aide d’écrivains et d’œuvres de science fiction, l’exposition mène une réflexion autour de la notion de « réalité liquide », un présent qui désintègre nos certitudes et habitudes, accélère aussi bien les découvertes que leur obsolescence. Dans un monde instable, les artistes piochent dans les univers sci-fi des éléments de critique et d’innovation. L’enjeu est de taille : on refuse la dystopie au profit de la création et de l’organisation du monde nouveau. Le projet est né pendant la période du Covid-19, comme le raconte la commissaire, une période « où le quotidien ressemblait à de la science-fiction. »
Les langages de la science fiction peuvent plus finement et profondément que d’autres interroger les potentiels de l’humain en dépassant notamment les clivages entre science, éthique et politique et posent un regard « extérieur » sur l’humanité et ses inventions. La réalité liquide est apprivoisée par des codes fluides et des imaginaires prolifiques.

Les afrofuturismes réinventent l’utopie

L’utopie est vue ici non pas comme l’espace qui n’existe pas, mais comme celui qui n’existe pas encore. L’utopie est un terrain d’exploration politique fondamental, le point de départ de toute révolution culturelle. Si le monde capitaliste autophage refuse de reconnaître le pouvoir de l’utopie pour laisser la place à un cynisme matérialiste extrême, les afrofuturismes remettent l’imagination au centre des luttes et des projets pour un monde nouveau. Emblématique, le roman La parabole du semeur d’Octavia E. Butler, publié en 1993, se déroulant dans un 2024 imaginé comme post-apocalyptique, est au cœur des inspirations des jeunes artistes afro-descendants qui sont à l’origine des travaux les plus remarquables autour de la thématique de l’art et de la science fiction. « L’afrofuturisme vise l’épanouissement des individus qu’il met en scène. Quand il s’enfonce vers les abysses dystopiques et effleure les impasses post-apocalyptiques, il les mobilise pour mieux insuffler un espoir de changement et donner une issue positive à la résilience. Il initie la libération des corps de toute contrainte. Cette idée est primordiale : le corps noir altérisé, discriminé, oppressé, esclavisé, déshumanisé n’a pas sa place dans cette littérature. Elle présage d’un avenir désirable et s’aventure à décrire les outils nécessaires pour l’atteindre. » écrivent les artistes Nadia Chonville, Laura Nsafou et Michael Roch.

Fabrice MONTEIRO, Untitled #1 (de la série « The Prophecy »), 2015 Paris, Galerie Magnin-A, © Adagp, Paris, 2022, Courtesy Galerie MAGNIN-A, Paris

L’exposition met en avant une critique de la société de la surveillance, notamment par les œuvres de Liam Young, dont la vidéo illustre deux amoureux essayant de s’échapper aux camera de la police. La scénographie du musée explose tous les codes traditionnels : des sculptures émergent de partout, interagissant avec les vidéos et les installations. C’est le cas de Cyborgs méditerranéens, de l’artiste tunisienne Aïcha Snoussi, consistant en une série de tableau tombant du plafond et se fondant avec des pierres posées au sol.

L’ouvrage qui accompagne l’exposition et qui suit son parcours ne s’adresse pas qu’aux spécialistes et fins connaisseurs de SF, mais aussi au grand public, aux amateurs en herbe qui souhaitent découvrir le genre. Si la SF est un puissant outil d’émancipation, refuge autant que refus, son jargon bien spécifique, à commencer par la dénomination de ses multiples sous-genres, peut être déroutant. Raison pour laquelle un glossaire de 50 entrées rédigé par Ariel Kyrou complète ce riche catalogue. Un ouvrage foisonnant, captivant, pour découvrir les liens qu’entretiennent les arts visuels et la science-fiction.

L’exposition Art & Science fiction est ouverte au public jusqu’au 10 avril au Centre Pompidou Metz. Billetterie par ici

Source : centrepompidou-metz.fr


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