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Catherine De Clippel : photographier les vaudous

Une exposition dévoile le travail de Catherine De Clippel, la photographe belge qui photographie les vaudous autour du monde depuis les années 1980. Du 5 novembre au 5 février au Centre de la photographie de Mougins. (Photo d’ouverture : Les Dieux-Objets, Togo, 1989, 51 min, 16 mm, couleur. Réalisation : Jean-Paul Colleyn et Catherine De Clippel. Conseil scientifique : Marc Augé et Jean-Pierre Dozon. Production : Acmé films, RTBF, La Sept, ORSTOM, avec le concours de la RTSR et de FR3)

Dans un village de la côte togolaise, le prêtre guérisseur Sewavi vit avec ses vodous. Son sanctuaire est peuplé de ces « dieux-objets » qu’il consulte pour soigner les maux,
guérir ou trouver des remèdes grâce à la divination. Les vodous sont très présents dans le quotidien des villageois. Dans le film Les Dieux-Objets (Togo, 1989), la photographe Catherine De Clippel résume son travail documentaire autour du vaudou.
Depuis les années 1980, elle enquête sur les pratiques animistes en Afrique. au Brésil, au Venezuela, au Pakistan et en Inde. La série documentaire Vivre avec les dieux la fait voyager notamment au Togo et au Bénin à la découverte des vodous qu’elle photographie dès 1988. Pour ces voyages, elle est accompagnée par deux anthropologues, Marc Augé et Jean-Paul Colleyn et coproduit avec Arte, l’INA et la RTBF.

© Catherine De Clippel, Vodou Legba, 1989, Séko (Togo), Tirage jet d’encre sur Rice paper Hahnemühle, 135 x 90 cm

Dans la culture occidentale, la religion vodou a longtemps été considérée comme un tissu de superstitions sanguinaires et maléfiques. On s’est autorisé à catégoriser le vodou au même titre que la magie ou la sorcellerie, reléguant les cultes vodous au rang de pratiques primitives, ancestrales, figées. Or, les vodous nous sont contemporains. Implantés depuis des temps immémoriaux, ils cohabitent aux côtés du christianisme et de l’islam. Aujourd’hui, des manifestations aux caractéristiques politiques et culturelles autour du vodou contribuent à faire évoluer son image.

L’anthropologie visuelle, elle, construit son objet dans la méfiance du mot pour en inscrire d’autres. Plus justes, pour un temps car au plus près du sensible. En acceptant l’idée que l’image enregistrée possède, par contamination culturelle, une puissance symbolique, en la délivrant de sa seule connotation indicielle, de sa nature de trace, elle va au-delà de sa simple représentation. Par là même, elle réinvestit des espaces qu’elle avait abordés avec les surréalistes, le domaine de la poésie et du sensible. Les images de Catherine De Clippel font suite à celles de Pierre Verger, aux pensées d’Alfred Métraux, aux intuitions de Georges Bataille, aux interrogations de Michel Leiris… Car au fil du temps, de tant d’années préparatoires, se dessinent des manières de voir, peut-être des travers, qui déterminent les images que nous croyons muettes mais qui se révèlent si bavardes parce qu’insensiblement instruites.

© Catherine De Clippel, Vodou Zangbeto, 1989, Séko (Togo), Tirage jet d’encre sur Rice paper Hahnemühle, 135 x 90 cm

À partir de 2002, les photographies de Catherine De Clippel s’exposent dans des institutions internationales comme le Musée d’histoire naturelle de Lyon, Museum Rietberg de Zurich, Mudec de Milan, Milwaukee Art Museum, ou la Fondation d’art contemporain Post Vidai de Hô Chi Minh-Ville. Elle expose ses tirages au musée de l’Homme aux côtés de ceux de l’ethnologue Jean Rouch (Paris, 2017) et à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (Paris, 2019). Au Bénin en 2019, elle poursuit sa recherche autour des vodous et collabore avec le plasticien Dominique Zinkpè dans le cadre d’une exposition à la galerie Le Centre à Abomey-Calavi.

La publication Vivre avec les dieux, co-écrite avec Marc Augé, Jean-Paul Colleyn et Jean-Pierre Dozon, paraît aux éditions de la Maison des sciences de l’homme en 2019, suivie de l’ouvrage Photographier les vodous, Togo-Bénin 1988-2019 (Paris, Maison des sciences de l’homme, 2020).

Jusqu’au 5 février 2023, le Centre de la photographie de Mougins consacre une monographie à Catherine De Clippel, rassemblant une série de 25 tirages des vodous du Togo et du Bénin ainsi qu’une installation vidéographique sur papiers suspendus en polyvision à partir du film Les Dieux-Objets (Togo, 1989).

Source : Centre photographie Mougins


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