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L’Australian Associated Press ferme ses portes après 85 ans

Le 3 mars dernier, l’Australian Associated Press a annoncé par voie de communiqué de presse la fermeture de ses bureaux. Après 85 ans d’existence, et face aux mutations de l’information, certains des plus grands photojournalistes du monde vont perdre leur emploi.

C’est une onde de choc pour le monde du journalisme d’actualité. L’Australian Associated Press (AAP), créé en 1935 et produisant depuis une information de qualité auprès des lecteurs australiens ne peut plus tenir face au modèle gratuit d’information.

L’AAP explique qu’elle a procuré pendant 85 ans des informations à de nombreuses entreprises de médias. Mais ces entreprises ont récemment massivement arrêté de faire appel à leurs services, au point que l’AAP n’est plus viable financièrement.

Mr Reid, un des responsables du groupe a ainsi déclaré :

Les reporters, photographes et personnel de production ont documenté avec précision la première tranche de l’histoire australienne contemporaine et le pays leur doit beaucoup…

…c’est une grande perte que les informations professionnelles et vérifiées fournies par l’AAP soient remplacées par des informations non vérifiées et souvent inexactes qui se font passer pour de vraies informations sur les plateformes numériques.

Les contenus générés par les utilisateurs en cause ?

La mutation concernant le marché de la presse et du journalisme a aujourd’hui profondément transformé la manière dont l’actualité est traitée. Désormais, la production payant de contenus médias est concurrencée par les contenus générés par les utilisateurs.

Certes, ce mouvement de fond a son intérêt, et la participation active du citoyen à l’information n’est pas en soi une mauvaise chose. Des exemples intéressants montrent l’intérêt d’informations révélées par un témoin. A condition d’être vérifiées par des journalistes de métier.

Mais dans cette approche, les grands perdants sont les photojournalistes et les vidéastes qui payent un lourd tribut à cette vague de fond. Les millions de smartphones qui n’attendent que de capturer des images ont en effet profondément impacté le métier.

La qualité des images comme variable d’ajustement

Si la notion de Fake News a permis de remettre en perspective le rôle essentiel du journaliste professionnel et de son éthique, ce n’est malheureusement pas le cas pour les photojournalistes et les vidéastes.

Le problème n’est pas uniquement dans l’essor du smartphone comme moyen de captation. La compétence voire le talent du photographe ou vidéaste est crucial. Car pour produire une image intéressante, il faut être au bon endroit au bon moment, cadrer l’image pour lui donner de l’impact, proposer une qualité irréprochable, et enfin et surtout, produire une image forte, qui renforce l’écrit ou la voix. Ce talent exige des années de pratique.

Heureusement, il reste encore des médias qui misent sur cette qualité pour sortir du lot, le plus iconique étant certainement le Time et ses couvertures de légende qui continuent de marquer l’histoire. Et un petit coup d’œil aux images des nominés du World Press Photo 2020 est certainement une des manières de se rappeler à quel point le travail des photojournalistes est essentiel aujourd’hui.

Une fermeture qui doit inquiéter sur l’avenir de nos médias

Si l’AAP ferme, c’est parce que les clients traditionnels ont changé de source pour leur approvisionnement en informations. Ils préfèrent faire appel à ces plateformes numériques gratuites ou à moindre coût pour aller chercher leur contenu.

Il y a quelques années, la crise de la presse avait amené de nombreux médias à passer d’un modèle de financement par la publicité au retour d’un modèle payant. Aujourd’hui, de nombreux médias proposent de s’abonner pour accéder à un contenu de qualité.

Mais ce qui vient d’arriver à l’AAP montre que ce modèle économique est plus que fragile, et que le modèle de la gratuité est aussi irrésistible que destructeur.

Malheureusement, les coûts pour faire fonctionner une rédaction avec de vrais journalistes, photojournalistes et vidéastes professionnels sont importants, et le seuil a été atteint où cela n’est plus tenable pour un média comme l’Australian Associated Press.

L’AAP n’a pas choisi de se séparer uniquement des talents chargés de produire les images pour survivre, et ce choix les honore. Mais cela montre aussi la fragilité de la situation.

Après 85 ans de bons et loyaux services, c’est donc le moment pour l’AAP de tirer sa révérence. Une perte qui doit nous alerter sur le sort que pourraient subir à court terme certains de nos médias qui sont de véritables institutions, mais qui sont bien plus fragiles qu’il n’y paraît.

Source : AAP

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