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Le corps dans l’Allemagne de l’Est : la photo comme exutoire

Avec l’exposition Corps impatients, Photographie Est-Allemande 1980-1989, les Rencontres d’Arles explorent les liens entre corps et liberté. (Photo d’ouverture : © Gundula Schulze Eldowy)

Le festival de la photo des Rencontres d’Arles se tiendra du 1er juillet au 22 septembre et fêtera ses 50 ans avec un nombre impressionnant d’expositions : cinquante. Certaines, comme celle consacrée au classique américain Edward Weston, sont des reconstitutions d’expositions ayant eu lieu dans les années passées. Elles retracent ainsi l’histoire des Rencontres et mettent en valeur les archives.
D’autres expositions suivent des thèmes précis, qui font échos avec des phénomènes d’actualité. C’est le cas notamment de la série de rencontres dédiée au thème « Habiter », qui revient sur la notion d’espace domestique dans un monde où celui-ci est fortement remis en cause.

Christiane Eisler, Mita et Jana, punkettes berlinoises à Leipzig, 1983. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Une partie du festival aura donc pour fil rouge la thématique du « Corps », en montrant comment celui-ci a été source de résistence, de liberté, de création en période de régime autoritaire. Outre une belle exposition sur la Movida espagnole, un parcours en particulier retient notre attention : Corps impatients, Photographie Est-Allemande 1980-1989 (nous vous en parlions dans notre sélection agenda). Du 1er juillet au 22 septembre, à Les Forges d’Arles, cet événement raconte le corps à l’heure du Mur de Berlin. Une sorte de bilan, 30 ans après la chute, de notre connaissance de la photographie est-allemande, témoin unique de cette période tourmentée.

Gabriele Stötzer, Reflet dans le miroir, 1984. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

De ce large chapitre encore trop peu connu, l’exposition met en avant la dernière décennie, par le prisme du corps. Elle montre comment certains artistes ont contré et détourné le poids d’un régime totalitaire, basé sur la négation de l’individu, l’enfermement physique, la surveillance et la normativité. La photographie a été un moyen puissant de manifester une liberté intérieure sans limites, qui est celle que nous connaissons dans le Berlin contemporain, qui est encore considéré par beaucoup de jeunes et artistes comme un havre de liberté d’expression et de bienveillance.

A travers l’oeuvre de plusieurs photographes de l’époque, nous assistons à un glissement de la photographie documentaire réaliste vers une approche plus subjective, émotionnelle, qui met en valeur plus les hommes et les femmes devant l’objectif qu’un récit factuel de l’Histoire. C’est précisément cette absence de tabous, ce ton parfois irrévérencieux qui rend cette exposition hors du commun, grâce à la curation de Sonia Voss, lauréate de la Bourse de recherche curatoriale des Rencontres d’Arles.
Ces corps bouillonnants, subversifs, rêveurs s’agitaient sous le couvercle oppressant de l’URSS, prêts à exploser dans un tourbillon d’avant-garde artistique et d’affranchissement social après la chute du Mur.

Ute Mahler, Berlin, Winfried Glatzeder, Robert et Philipp, 1982, série Vivre Ensemble. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Une publication accompagne cette exposition : Les Libertés intérieures, textes de Sonia Voss et entretiens avec les artistes, Xavier Barral, 2019 (édition française)

Liste des photographes : Tina Bara (1962), Sibylle Bergemann (1941-2010), Kurt Buchwald (1953), Lutz Dammbeck (1948), Christiane Eisler (1958), Thomas Florschuetz (1957), York der Knoefel (1962-2011), Ute Mahler (1949), Eva Mahn (1947), Sven Marquardt (1962), Barbara Metselaar Berthold (1951), Manfred Paul (1942), Rudolf Schäfer (1952), Gundula Schulze Eldowy (1954), Gabriele Stötzer (1953), Ulrich Wüst (1949)

Source : Arles 2019

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