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Le masculin décomplexé dans les photos de Dwam Ipomée

La photographe et artiste Dwam Ipomée explore une virilité nouvelle, débarrassée des carcans machistes, dans sa série Blossom Boys. Retrouvez-la aussi parmi nos lensers ici.(Photo d’ouverture : © Dwam Ipomée)

Dwam Ipomée est une artiste queer (ndlr s’intéressant dans son art aux questions LGBTQIA+ et aux identités de genre) nantaise qui a attiré notre regard grâce à sa série Blossom Boys. Un travail à la fois poétique et engagé, qui déconstruit habilement les symboles qui voudraient réduire la masculinité à la force et à la domination. Dans une époque où les femmes sont, enfin, mises de plus en plus à l’honneur, Dwam donne la voix à une masculinité décomplexée, aussi plurielle que joyeuse et créative.

Tout d’abord, qui es-tu Dwam ?

Je suis une artiste queer pluridisciplinaire, j’ai 33 ans, je vis à Nantes depuis quelques années, mais je voyage un peu partout.  

© Dwam Ipomée
Tu fais du tatouage à la base, qu’est-ce qui te plaît dans cet art ? Pourquoi avoir voulu se pencher aussi sur la photographie ?
En fait je viens de la BD ! J’aime créer de la beauté, et raconter des histoires, quel que soit le medium. J’ai commencé la photo avant le tatouage, mais les deux se sont toujours développés en parallèle. Je fais aussi de la vidéo. J’ai beaucoup bossé en tant que modèle aussi au début, mais j’avais trop d’idées et j’ai voulu les réaliser par moi même, en contrôle, de l’autre côté de l’objectif.
Quels sujets as-tu envie d’aborder en photo et pourquoi ?

Dans tout mon travail, les sujets sur lesquels je reviens toujours, ce sont le corps, le genre, et l’identité. J’essaie d’en faire des poèmes visuels, des variations sur la beauté des sexualités, du plaisir, de l’intimité, de l’expression de soi.

© Dwam Ipomée
« Blossom Boys » offre une vision autre de la virilité, laquelle ? Pourquoi est-il important de représenter la virilité autrement pour toi aujourd’hui ?

Il y a plusieurs raisons, mais toutes tournent autour des rapports genrés et sexistes. Je trouve qu’il y a (enfin) des discussions plus partagées sur la construction de la féminité et la fluidité des genres, mais c’est toujours extrêmement pauvre en questionnements sur la masculinité. L’identité masculine semble sans cesse à prouver, et construite seulement en opposition avec tout ce que les hommes ne doivent pas faire et ne pas être (principalement : une femme). Ce sont des sujets avec lesquels je me débats depuis toujours, et puisque je travaille sur l’art et les représentations, ça me paraissait donc aller de soi de faire ce projet pour proposer d’autres représentations masculines, dans l’espoir de susciter un début de réflexion. L’univers de la photo, dominé par le male gaze (ndlr le filtre du masculin), est très centré sur l’objectification et la sexualisation des femmes ; j’essaie de retourner les codes avec un regard de femme queer et non-binaire.

© Dwam Ipomée
Quels photographes et artistes t’inspirent ?

Alison Scarpula, Olivia Bee, Cherry Rae, Laura Makabrescu, Bao Ngo, David Uzochukwu, Chrissie White, Reuben Wu, Luo Yang, Peter de Vito, Exquisite Eye, Maya Mihindou, Högabo Photography, Edie Sunday, Vicki King… Ça évolue toujours avec la maturation de mon regard et de mes intentions j’imagine ! Mais j’ai réalisé récemment que vraiment très peu de photographes masculins, disons, classiques, m’ont marquée ou intéressée. La photo techniquement impeccable, ça me ne parle pas, il y manque souvent le regard et l’émotion que je recherche. J’ai toujours frayé plutôt vers le travail photographique des queers et des jeunes femmes (quel hasard !), et les photos un peu brutes, sans prétention, oniriques, touchantes.

Quel rapport tu entretiens avec les réseaux sociaux ? A quel point ceux-ci sont importants pour ton travail de photographe et de tatoueuse ?

J’aimerais que ce ne soit pas si important, que je n’en sois pas si dépendante, et que j’y passe moins de temps ! Mais les réseaux m’apportent inspiration, émulation, visibilité, réflexion, ainsi que des rencontres, des modèles, et des clients. C’est une chance rare de pouvoir toucher et échanger directement avec les gens qui suivent mon travail. Un petit nombre de personnes me soutient financièrement, directement, dans mon travail artistique sur Patreon, par exemple, ce qui me permet de créer et expérimenter ce qui me passionne vraiment.

© Dwam Ipomée

Je n’ai pas travaillé pour des magazines, des livres, très peu sur commande, je n’ai pas continué dans la voie sanctifiée de l’art contemporain, les bourses, les galeries, ce petit milieu, je ne fais pas non plus de conventions tattoos : bref, je ne suis pas vraiment dans les chemins de la reconnaissance artistique à l’ancienne. Je n’en ai pas envie et je doute fort qu’on m’y aurait laissé une place de toute façon. Alors je repose entièrement sur le rapport direct artiste/audience des réseaux, et j’essaie d’en tirer parti autant que possible, merci l’Internet pour ça !

Tes actus en 2019 ? Expo, rêves, projets ? 

J’ai deux films à monter, beaucoup de voyages-tattoo à faire, plein de projets photos à continuer et à boucler, un bouquin à créer, une immigration à préparer, et j’aimerais vraiment vraiment exposer le projet Blossom Boys partout où je le peux !

Plus d’informations sur cette artiste : 

Instagram
Tumblr
Patreon
Cargo Collective
Pour les tatouages, ici.

Source : Interview

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