Login
Adresse email
Mot de passe
Confirmez votre Mot de passe

Lense

Les cultures surf et skate sublimées par Sébastien Zanella

Sébastien Zanella capture l’âme des cultures surf et skate depuis son adolescence. Rencontre avec un artiste qui s’épanouit aussi bien dans la photo que dans la vidéo. (Photo d’ouverture : © Sébastien Zanella)

© Sébastien Zanella
D’où viens-tu ?

Je suis originaire de Pégomas, une petite ville à côté de Cannes, où rien ne se passe et où les gens rêvent d’appartenir à une certaine jet set. Alors je me suis réfugié dans le skate quand la plupart de mes amis ont été attiré par les lumières des night-clubs. Je me rappelle descendre la rue d’Antibes à Cannes, la nuit entre les voitures, c’est mon plus profond sentiment de liberté et aussi d’existence. J’avais vraiment l’impression d’être différent, de vivre en parallèle de la société. Avec mes amis on avait alors notre musique, nos codes, notre façon de s’habiller. Je crois que j’ai compris très tôt qu’on n’était vraiment libres que lorsqu’on était adolescent, que le monde des adultes n’était que concession, adaptation à une société qui ne me ressemblait en rien.

© Sébastien Zanella
Comment as-tu commencé la photo ?

Je n’ai jamais vraiment eu les moyens d’avoir un appareil photo, alors petit j’écrivais surtout des poèmes, puis je créais des magazines : j’écrivais de faux articles et j’agrafais les pages. J’ai toujours voulu documenter le monde qui m’entourait, un monde dans lequel je me suis toujours senti « spectateur » . J’ai commencé la photo avec des appareils jetables, et c’est comme ça que j’ai créé un fanzine vers 16 ans, avant de lancer Desillusion un peu plus tard. Depuis, je n’ai jamais arrêté et je ne crois même pas avoir passé un jour sans prendre une photo.

Qu’est-ce qui t’a amené à créer Desillusion ?

J’ai monté Desillusion à 19 ans, un fanzine pour publier mes photos car a l’époque je ne recevais que des réponses négatives des magazines. Ces refus ont nourrit ma passion. J’étais en première année à la fac de sport et ma plus grande ambition était d’être vendeur dans un magasin de skate, j’essayais de ne pas rêver trop fort… Cela me suffisait. Je me suis fait virer de la fac de sport à cause de mon comportement. Je crois que je n’ai jamais été fait pour les institutions ou suivre les règles. Du coup j’ai bossé dans un petit magasin de vélos pour pouvoir  partir étudier à San Diego. La bas, je n’ai jamais mis les pieds à l’université, je passais mon temps à skater et surfer, et j’y ai rencontré des gens qui croyaient en mon projet « Desillusion » et mes photos. La culture skate y était beaucoup plus développée. Quand je suis rentré, j’ai bossé un an pour un distributeur de vente par correspondance où je m’occupais du détourage de photos produits sur Photoshop. En parallèle, le magazine que j’avais créé grossissait dans la région. Je me suis alors lancé à 100 % dedans.

© Sébastien Zanella
Quelle a été l’origine du projet ?

J’ai créé le magazine comme un projet artistique, au début c’était pour documenter ce qui m’entourait, mes potes and co, ma vie de post ado. Puis je me suis perdu pendant quelques années en essayant d’être un « vrai » magazine. Je voulais raconter et expliquer ce moment de liberté totale que j’éprouvais à Cannes sur mon skate, que l’on partageait dans le monde entier, dans notre communauté. Et que l’on partage toujours. Desillusion c’est ce moment juste avant que la société ne vienne te dire «  non tu ne pourras pas t’habiller comme ça », « non tu ne pourras pas faire astronaute », ce moment, adolescent, de liberté totale ou tu peux dormir sur la plage, rêver de tout, être aussi proche de tes sentiments, juste avant les premières désillusions. L’idée est juste d’inspirer les plus jeunes, leur donner l’envie de faire du skate, du surf, de la photo ou quoi que ce soit, juste pour la beauté du geste et non pour gagner une compétition ou être célèbre, ou toute autre valeur que l’école ou la société nous imposent.

Sable Noir – Featuring Jack Freestone from Desillusion on Vimeo.

Comment t’es-tu mis à la vidéo ? 

À vrai dire, je ne croyais plus en ce que je racontais. Je voyais autour de moi les marques changer la face de ma passion, « l’institutionnaliser »… Du coup Je suis parti faire un tour du monde pour documenter la vie des légendes du skate ou du surf, ceux qui font le socle de notre culture, pour me prouver à moi-même que ce en quoi je croyais était vraiment fondé. La vidéo m’est venue comme une évidence car ça me permettait d’entendre, de voir marcher, d’aller plus loin dans mon idée de capturer la « soul » de cette culture. Ça me permet d’avoir un lien plus fort, plus émotionnel avec le spectateur et donc de lui transmettre plus intensément mes émotions sur le moment.

© Sébastien Zanella
Tu as un style que tu décris toi-même comme assez sombre alors qu’on est plutôt habitués à une ambiance chaleureuse dans les milieux surf et skate.  Tes images sont probablement les photos les plus dark de la profession, tu peux nous parler de ce style que tu as développé ?

Oui on dit ça de moi [rires]. Moi j’aime dire qu’elles sont mélancoliques. Il y a une vérité dans la mélancolie qui m’attire. Le monde n’est jamais ultra coloré ou ultra dark, mais juste au milieu : mélancolique. Dans le skate et le surf, on ne montre que les moments de gloire intense, pourtant ce que je trouve le plus beau sont les moments juste avant ou juste après. Le doute, la concentration, le périple pour y arriver ou juste après avoir dompté une vague, un trick. J’aime à dire que j’essaie de capturer l’âme des gens, un moment intemporel. Je suis aussi toujours à la recherche de ce moment adolescent que j’estime, où l’on est le plus proche de ces sentiments, le plus vrai. Ce moment pour moi de liberté totale que certains ont embrassé toute leur vie, que ce soit de grands navigateurs, d’anciens surfeurs pros, des artistes etc.

© Sébastien Zanella
Quels sont tes projets ?

Ces derniers temps, je voyage la plupart du temps aux quatre coins du monde, et quasiment toujours seul, à la rencontre d’âmes et de « free spirit » . J’essaie de faire en sorte que ma démarche soit aussi proche que  possible de mes films et mes photos. Romantique et mélancolique, je l’espère. Sinon, comme quand j’avais 20 ans, je shoote tous les jours et pour aucune raison particulière, j’ai l’impression que c’est devenu mon meilleur moyen de communication.

Sébastien est sur Instagram (@sebzanella)
Aussi sur Tumblr
Pour jeter un œil à Desillusion, c’est ici

 

commentaire

Ajouter le vôtre

Laissez un commentaire

Laissez un commentaire

Devenir Lenser