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Nobuyoshi Araki : le maître de l’érotisme japonais à la Bourse de Commerce de Paris

La Chambre de Commerce de Paris présente l’exposition Shi-Nikki (Private Diary) for Robert Frank consacrée au photographe Nobuyoshi Araki, grand nom de la photographie japonaise contemporaine. A travers une série narrative, il nous plonge dans le récit du deuil de sa femme Yoko Aoki. Un livre est tiré de cette série emblématique de la photographie contemporaine nippone, publié aux éditions Delpire & Co. (Photo d’ouverture : Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki)

Jusqu’au 14 mars, la Bourse de Commerce de Paris, qui abrite la collection Pinault, présente l’exposition Shi-Nikki (Private Diary) for Robert Frank, du photographe nippon maître de l’autofiction Nobuyoshi Araki. Réalisée en 1993 trois ans après le décès de sa femme Yoko Aoki, la série est composée de 101 clichés en noir et blanc étudiant le modèle féminin et explorant le thème de l’absence, de la perte prématurée de l’être aimé. On y retrouve les essais du photographe autour de l’érotisme, saisissant les transformations de la société japonaises à l’heure de la modernité. On connaît du photographe ses clichés de kinbaku, sorte de bondage japonais, ainsi que ses natures mortes et ses portraits de prostituées.

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki. Avec l’aimable autorisation de Taka lshii Gallery et de Pinault Collection.

Mais dans la série Shi-Nikki (Private Diary) for Robert Frank, c’est l’élaboration du deuil que l’on perçoit par le travail photographique. Dans l’austérité du studio ou dans l’intimité de la chambre, le photographe saisit le modèle féminin dans des postures de stricte frontalité, explicites et sans concession, tout comme dans des mises en scène érotiques. Ces images s’intercalent avec des photographies du quotidien d’Araki désormais veuf : natures mortes, rues et ciel de Tokyo, le chat Chiro adopté avec sa femme… Les photographies de rues faisant écho au travail de Robert Frank (1924-2019), pionnier de la photographie américaine, à qui Araki a dédié cette série à l’occasion de son exposition au musée de Yokohama. Comme souvent, le photographe privilégie le récit autobiographique.

Rattaché souvent au courant du New Journalism, Araki développe des séries documentaires subjectives et très intimistes, en nous plongeant dans des reportages qui côtoient volontiers l’autofiction. En effet, le japonais n’est pas très éloigné de la génération des Joan Didion, Tom Wolfe ou Norman Mailer, actifs aux États-Unis dans les années 1960-1970. Dans sa démarche, l’artiste pousse encore plus loin en prenant comme sujet de ses reportages sa propre expérience de vie. Cette composition se présente comme une mosaïque de la pensée profonde d’Araki, un voyage dans ses pulsions, sensations, expérimentations.

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki. Avec l’aimable autorisation de Taka lshii Gallery et de Pinault Collection.

Cet ensemble dédié à l’auteur des Américains se veut factuel. Il est riche de questionnements, de mises en parallèle avec l’œuvre de Robert Frank. On pourrait presque deviner une mise en symétrie entre les deux photographe au sein même du chiffre « 101 ». Selon le commissaire Matthieu Humery, « le 101 donne le sentiment d’un dépassement généreux, d’une promesse d’opulence. C’est l’idée d’aller au-delà de la limite, comme si l’œuvre s’ouvrait à quelque chose de plus grand qu’elle-même ; voire d’illimité avec toutes les symboliques qui peuvent s’y agréger comme l’infini ou la perpétuation. »

Comme l’indique le magazine IDEAT, Nobuyoshi Araki conserve dans son mode opératoire ses réflexes d’ancien ingénieur puis de caméraman. Une forme de mise à distance s’opère entre lui et ses modèles afin de mieux en saisir l’essence. L’errance du deuil est ici magnifiée et le visiteur se promène dans la solitude du photographe pour revenir inlassablement au point de départ.

Retrouvez le livre « Shi-Nikki (Private Diary) for Robert Frank » chez Delpire & Co.

Source : Delpire&Co


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