Un duo passionné de vieilles images s’est donné pour objectif d’offrir une deuxième vie aux diapositives et négatifs couleurs qui trainent dans nos greniers. Photo d’ouverture © The Anonymous Project
La mission de The Anonymous Project ? Préserver les diapositives et les négatifs couleurs des cinquante dernières années en les diffusant sur un site dédié et sur les réseaux sociaux. Le projet est né d’une obsession, celle de Lee Shulman, son fondateur : « je suis obsédé par les diapos, nous explique t-il, ça a été un truc énorme quand c’est arrivé sur le marché et ce sont des pièces uniques ». Problème, ces petits bijoux se dégradent avec le temps et Lee déplore la disparition de cette mémoire collective. Avec Emmanuelle Halkin, responsable du développement du projet, il découvre que les gens se débarrassent de stocks énormes. « Ce n’est pas comme les albums photo, plus personne n’a le matériel pour visionner ses diapos », soulignent les deux associés. The Anonymous Project s’inscrit dans une réflexion de sauvegarde d’un patrimoine oublié, amené à disparaître au rythme des maisons qui se vident.
Un projet international
Emmanuelle et Lee partent donc à la recherche de ces trésors sous-évalués, dans les vide-greniers ou sur internet, mais souhaitent encore aller plus loin. Comment ? En mettant ceux qui le souhaitent à contribution. Depuis la naissance de The Anonymous Project en janvier dernier, certaines personnes chinent pour eux aux quatre coins du monde. Et toute la force est là : des États-Unis à l’Europe de l’Est, en passant par le continent africain ou la France, l’émotion de ces images d’anonymes va au delà des frontières. Le site présente leurs trouvailles par thématiques et non par pays ou par époque.
Des thèmes universels
En visionnant, classant, numérisant et archivant les diapositives et négatifs couleur sur lesquels ils ont mis la main, Emmanuelle et Lee remarquent que certains thèmes reviennent quels que soient l’époque ou le lieu. « Le nombre de photos qu’on a où les gens posent devant leur maison ou leur voiture, c’est hallucinant ! », s’émerveille Emmanuelle. Pour Lee, les séries ajoutent une dimension émotionnelle, celle qu’il ressent déjà à la vue de ces images en couleur dont les plus vieilles remontent au tout début des années 1950. Les deux associés sont formels : « Qu’on soit Indien, Africain, Anglais ou Français, l’instant où on a sorti notre appareil photo, c’était pour illustrer la même chose ». Des « anonymous » posant devant un gâteau naîtra la série « Cake », de ceux immortalisant leur relation devant l’objectif, la série « Together ». Le travail que cela représente est colossal, depuis janvier c’est près de 150 000 images que le duo a visionné, dont 3 000 numérisées. Là dedans, de « petites merveilles », des pépites qui agissent comme une récompense. Certaines trouvailles racontent une vie entière, et des petits cadres colorés défilent le visage d’un enfant qui grandit et que l’on suit sur une vingtaine d’années.
Un projet collectif
Ce travail, les quatre mains du duo ne suffisent pas à l’accomplir. Sur le site du projet, les potentiels contributeurs sont invités à participer : « Avez-vous des lots anciens d’images familiales ? Provenant de brocantes ou de marchés aux puces ? Ou bien des stocks provenant de studio photo ? Si vous souhaitez nous faire parvenir des anciens négatifs ou diapositives couleurs, vous pouvez nous les envoyer, tous les frais d’envois postaux vous seront remboursés. Chaque participant au projet sera remercié et cité sur notre site Internet et dans nos publications à venir. », peut-on lire dans l’onglet « nous rejoindre ». Alors, si vous avez de vieux cartons qui trainent et d’où semblent vouloir s’échapper des images oubliées, n’hésitez pas à leur offrir une deuxième jeunesse en contactant Emmanuelle et Lee.
The Anonymous Project prépare une exposition pour janvier 2018. Car au delà des images, c’est tout l’univers de la photographie vernaculaire que le projet souhaite mettre à l’honneur. Affaire à suivre.
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